Tu conseilles de nombreuses Insurtechs : en quoi ces startups occupent-elles une place originale dans monde de l’assurance d’aujourd’hui ?
Les insurtechs sont bien présentes dans le paysage aujourd’hui et constituent réellement l’une des composantes de la transformation de l’assurance, elles y sont très contributives. Elles savent sur l’ensemble de la chaîne de valeur, et sous diverses formes, mettre en œuvre une réelle coopération avec les assureurs et sont en ce sens très utiles pour aider les assureurs à se transformer. Chaque insurtech, apporte ainsi une certaine forme d’innovation, de réinvention ou de disruption sur tout ou partie des maillons de la chaîne de valeur. Elles amènent un nouveau souffle !
La plupart d’entre elles agissent sur la distribution, par exemple les néo-courtiers comme +Simple Luko, Lovys… Elles amènent de la simplicité, de la transparence, de la fluidité, remettent le client et l’expérience client au centre en se basant sur les technologies, la data et la personnalisation. D’autres se positionnent sur la tarification (comme Akur8 avec son moteur de modélisation des risques et de tarification) ou proposent des solutions innovantes pour couvrir certains risques (comme Descartes Underwriting pour les catastrophes naturelles à partir des données météorologiques). Certaines améliorent et facilitent la relation clients comme Zelros (qui permet une meilleure compréhension des besoins des clients, d’améliorer la qualité des conseils, et d’augmenter le cross-selling et le up-selling grâce à la data et l’IA) ou Minalea (qui permet d’avoir un conseiller augmenté via la data et IA). Par ailleurs, d’autres agissent sur la détection de fraude (comme Shift) ou l’indemnisation (comme Weproov ou BDEO), pour estimer le coût d’un sinistre automobile, accélérer sa gestion et l’indemnisation et bien sûr simplifier l’expérience des assurés en utilisant notamment la data, l’IA …
Enfin, en France, quelques insurtechs sont des néo-assureurs et disposent de l’agrément de l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) comme Seyna, Alan ou encore Acheel très récemment. Des compagnies qui maîtrisent donc la chaîne de valeur allant de la conception des produits jusqu’à leur distribution, si elles le souhaitent… C’est en effet plus aisé de disrupter avec cette maîtrise et cela donne plus de liberté dans les offres, les services, le tarif et l’indemnisation…
En France, elles sont plus de 200 début 2021 (selon KleinBlue) et plus de 600 en Europe.
Aujourd’hui, il existe un besoin de transparence, de confiance, d’engagement, d’impact, demandé à la fois par les consommateurs et les collaborateurs. Les consommateurs attendent, et ce dans la durée et de façon pérenne, un engagement très fort en faveur des enjeux clés de société : l’environnement et le climat, en priorité, la lutte contre le chômage et la création d’emploi, le pouvoir d’achat, et la santé notamment. Cette attente forte se cristallise sur ces différents sujets non plus seulement envers l’état, les collectivités, mais aussi envers les entreprises. Les entreprises doivent en effet avoir une vision à long terme, un rôle et surtout s’engager à travers des actions très concrètes. Une attente qui est aussi devenue clé et porteuse de sens pour les collaborateurs des entreprises et impacte leur engagement.
Dans l’assurance, il nous faut agir collectivement sur le terrain de la pédagogie, de l’accessibilité, de la transparence, de l’éthique auprès du grand public. Et chacun doit engager un travail de fond sur les contrats, les offres, la transparence, ses engagements sociétaux et pérennes forts, c’est une nécessité pour la société et une demande des clients et des parties prenantes. Nous passons à une nouvelle ère pour l’assurance, qui doit faire évoluer en profondeur ses modèles, et proposer des solutions à ses clients, avec des partenaires, avec une relation plus forte, de confiance, plus digitale et plus humaine dans la relation, plus ouverte, fortement engagée dans cette croissance économique durable.
Les insurtechs se sont pour beaucoup d’entre elles créées en réponse à ces attentes fortes, en réponse à un besoin d’accessibilité, de tarif plus « juste », d’engagement pérenne, d’impact, de transparence, de confiance. Pour les insurtechs qui sont sur la distribution (les néo-assureurs), une grande part d’entre elles innovent non seulement dans la façon dont elles proposent et vendent l’assurance et dans les services qu’elles offrent mais aussi dans la façon dont elles donnent en retour. Elles s’inscrivent très souvent dans une mission responsable avec notamment la redistribution d’une partie des primes non utilisées à des œuvres caritatives / associations ou encore des cagnottes pour redistribuer les cotisations. Par exemple, Lemonade à la fin de l’année, une fois le paiement des sinistres et des frais d’exploitation réalisé, son programme de « Giveback » a fait don des primes inutilisées aux assurés. Ou encore Luko a aussi développé un programme de « Giveback ». Et au delà de cela, Lemonade est par exemple une B-Corp certifiée. La mission de Lemonade est de « transformer l’assurance d’un mal nécessaire en un bien social.” Pour les insurtechs qui apportent différentes solutions, elles ont pour la plupart des engagements forts et affichés : comme l’éthique de la donnée et de l’Intelligence artificielle, le respect du client, la transparence…
Enfin, au sein d’Insurtech France, les membres de l’association partagent les valeurs suivantes :
– le respect du client et des partenaires ;
– l’éthique, notamment sur les données personnelles ;
– la transparence (tarifs, commissions, fonctionnement…) ;
– et nous sommes pour une assurance inclusive et durable.
Le marketing plus responsable s’inscrit dans la durée, dans une action de développement durable. Il doit donc être économiquement efficace, socialement équitable et écologique. Il est placé au cœur d’une démarche plus globale de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), et touche toutes les parties prenantes de l’entreprise : clients, collaborateurs, partenaires, fournisseurs, actionnaires… D’un marketing réalisé uniquement en conciliant attentes des consommateurs avec le savoir-faire et les offres et services des entreprises, il est crucial d’intégrer cette dimension sociétale et d’articuler le court terme avec le long terme sur la base des enjeux sociétaux.
Ma contribution personnelle, aujourd’hui, est celle que je mène au sein des structures que j’accompagne à la fois des Insurtechs, des mutuelles et compagnies d’assurance… et aussi bien évidemment au sein d’insurtech France.
Pour illustrer, il s’agit de contribuer à :
– créer et concevoir des produits / services à plus faible impact sur l’environnement, plus équitables, engagés et socialement responsables.
– proposer des modèles économiques plus durables et à long terme et choisir d’accompagner dans la durée des acteurs et des Insurtechs avec des modèles qui rendent accessibles l’assurance au plus grand nombre (exemple le modèle de Baloon en Afrique, avec une offre d’assurance digitale et des parcours simples) …
– travailler pour amener les consommateurs à faire évoluer leurs comportements en assurance : exemple en termes de prévention, éco-conduite …
– intégrer une réelle éthique d’utilisation des données personnelles des clients et de l’intelligence artificielle
– éviter le « greenwashing » dans la communication et le marketing, rester sincère et transparent
Les marges de ce secteur sont encore très grandes et de nombreux points et actions doivent encore évoluer (investissements et placements, offres et services, prévention, accessibilité …). Pour cela, il est important d’avoir individuellement et collectivement conscience de nos impacts positifs et négatifs, de les renforcer et les élargir pour les positifs et les limiter pour les négatifs, et surtout d’imaginer sans cesse de nouvelles actions. Il faut travailler main dans la main avec toutes les parties prenantes pour avancer ensemble et se fixer des objectifs progressifs et partagés. Et enfin, mettre en place un suivi des impacts…
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